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La Punition du Chat : Mythes, Réalités et Conseils



 

Cela fait maintenant un long moment que je projette d’écrire cet article sur la punition du chat, car je tombe très régulièrement sur les réseaux sur des conseils aberrants, voire maltraitants, qui laissent les gens sans solution face à l’éducation de leur chat ou leurs inculquant de mauvaise information.


 Alors oui un chat peut s’éduquer. Oui, un chat peut comprendre ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas, encore faut-il bien communiquer avec lui, et ne pas utiliser des méthodes qui risquent de dégrader votre relation.


Je vous propose donc de voir dans cet article quelles sont les erreurs d’interprétations et les punitions les plus courantes. Je vous expliquerai ensuite pourquoi celles-ci ne fonctionnent pas et quelles conséquences elles peuvent avoir sur votre chat et la relation que vous entretenez avec lui. Enfin, je répondrai clairement à la question suivante, faut-il punir son chat et si oui, comment ? Qu’est-ce qu’une punition « réussie » et comment éduquer son chat afin qu’il ne fasse plus de bêtises ?


A l'aide, mon chat fait que des bêtises !

 

Prenons un exemple courant et que nous allons garder en ligne directrice pour cet article : votre chat fait ces griffes sans arrêt sur votre canapé tout neuf. C’est exactement le type de situation récurrente qui peux vous arriver, qui vous fait sortir de vos gonds et qui fait l’objet de réprimandes ou même de punitions envers le coupable, votre chat.

 

(Petite précisons un chat n'a pas conscience de faire une bêtise, c'est un concept humain, le chat agit et interagit avec son environnement, il essaie juste de s'occuper, c'est tout, et oui encore l' anthropomorphisme )

 

Et vous avez beau tout faire tous essayer, rien n’y fait il revient encore et encore … La GUERRE EST DÉCLARÉE et votre mission et de sauvé votre canapé qui vous a couté un rein.

 

Alors, sans perdre une minute de plus vous tapez sur internet, surfant dans des groupes Facebook « spécialisés » afin d’y chercher des conseils. Et là miracle, vous tomber une ribambelle d’article sur Google Facebook des vidéos YouTube, ou de gens bien intentionnés vous donnent mille et un conseils, nous allons en passer quelques-uns en revue et comme vous pouvez vous en douter cela va être instructif….


Les anthropomorphismes et projections !

 

Avant de donner des conseils, il est crucial de fournir des explications, car souvent, nous ne comprenons pas ce que notre chat essaie de nous communiquer, et d'autres personnes interviennent pour nous éclairer. Malheureusement, ces explications sont souvent des interprétations erronées, basées sur de l’anthropomorphisme.


Les exemples les plus courants incluent des affirmations telles que : "le chat se venge" ou "il est jaloux". Dans notre exemple, on pourrait entendre que "le chat préférait l’ancien canapé, alors il se venge en le griffant" ou "il est vexé parce que mon nouveau petit ami a dormi sur ce canapé, alors il le détruit parce qu'il est jaloux".


Ensuite, il y a l’idée que "le chat nous teste", suggérant une sorte de conflit permanent entre le chat et le reste de la famille, et impliquant que le chat a de mauvaises intentions. Enfin, il y a le mythe du "chat dominant", qui ne correspond pas à la réalité, car les chats ne cherchent pas à dominer comme les humains le font dans leurs structures sociales.


Les punitions trop souvent infligées au chat.

 

Faites votre choix : « Tape sur le nez », « par la peau du cou » ou le « petit coup de vaporisateur » voilà tous les « conseils » que vous trouvez sur internet…

 

Le premier conseil que l’on va vous donner c’est celui de hausser le ton et de dire « non » fermement. On vous donnera aussi, celui de vous agiter ou de le courser pour lui faire peur et « marquer le coup ». Bien évidemment, votre chat va s’enfuir, effrayé et la bêtise va temporairement cesser, jusqu’à la prochaine fois…

 

Ensuite, on va vous orienter vers le célèbre : « vous devriez le prendre par la peau du cou comme le fait sa maman » avec la célébrissime variante le « secouer par la peau du cou comme le fait sa maman » ….

 

Et bien cela est une grave erreur de faire cela, d'une cela c’est douloureux et de deux, passé un certain poids, c’est même dangereux pour le chat ! Par ailleurs, trouvez-moi une vidéo où la maman prend son chaton par la peau du coup pour le gronder et le secouer dans tous les sens… ça n’existe pas. La maman prend en effet les chatons par la peau du cou pour les transporter, par exemple, lorsque tout bébé leur température ne se maintient pas seuls (ce qu’on appelle la thermorégulation). Lorsqu’ils se sont éloignés trop longtemps, la maman les prend pour les ramener au « nid » et les mettre au chaud contre elle afin de faire remonter leur température corporelle.

 

Le temps passe, les âneries continuent, alors vous passez à l’étape supérieure, fort de quelles heures passé sur des groupes Facebook sur le sujet, j’ai vu mainte et mainte fois le fameux, faites-lui une tape sur le nez « comme le faisait sa mère pour le calmer » à chaque fois qu’il sévit sur votre du canapé. Bah voyons….

 

Encore faux, dans sa phase de sevrage comportemental, le chaton joue parfois violemment, il met les griffes, mordille… la maman va, par son comportement, induire ce qu’on appelle l’autocontrôle des griffures et l'inhibition des morsures en modérant ses attaques, en le bloquant au sol par exemple. Le problème c’est que votre chat, même chaton, sait très bien que vous n’êtes pas sa mère et de toute façon l’intensité de la pression que vous allez exercer avec vos doigts, n’est pas aussi subtile et proportionnée que ne le ferait sa mère en pareils cas, donc inévitablement vous faites mal là où la mère éduque. Cette punition n’est donc pas la bonne pour le dissuader de renouveler son comportement, elle risque tout simplement de dégrader votre relation avec votre chat : soit il finira par répondre par une conduite agressive, soit il sera effrayé et stressé en votre présence, avouez qu'on peut rêver mieux comme relation avec son animal de compagnie.

 


Qu’à cela ne tienne, il vous reste l’arme ultime, le vaporisateur, alors là il y a un énorme débat sur le sujet ! Car oui cela fonctionne mais cela doit être utilisé dans des situations bien précise, dans le cas d’altercation entre chat par exemple mais pas comme punition. Car en effet votre chat déguerpit et ne griffe plus etc… enfin quand vous êtes là, parce que bizarrement, le canapé continue à se dégrader mystérieusement la nuit ou en votre absence et les déjections aussi, par ailleurs, vous remarquez que votre chat à un peu "changé" : il n’est plus câlin du tout avec vous et vous évite même ou est devenu un tantinet agressif …


 

Les raisons d’arrêter les punitions traditionnelles sur votre chat.

 

1.    Si vous devez utiliser votre vaporisateur six fois par jour, c’est que votre chat n’a pas compris le message ou que vous n'avez pas appliqué la bonne méthode. Cela montre que cette approche ne fonctionne pas ! Quand une méthode d'éducation fonctionne, le chat cesse de faire ses griffes sur le canapé et utilise un griffoir approprié, sans besoin de vaporisateur. De plus, cette punition est liée à votre présence ; si vous n’êtes pas là, le chat sait qu’il peut adopter le comportement interdit. Il n’est pas dupe... Voilà la première raison d'abandonner cette méthode et d'essayer autre chose : elle ne fonctionne pas et dépend uniquement de votre présence.

 

2.    Ensuite, il se peut que votre chat ne comprenne pas votre message, car ces punitions le plongent dans un tel inconfort émotionnel qu'il n'arrive plus à penser, réfléchir et donc à comprendre et apprendre. Un chat soumis à des émotions négatives n'est pas capable de changer son comportement de manière positive. C'est la seconde raison : vous perdez votre temps et vos nerfs, tout en mettant votre chat dans un état émotionnel très perturbé.

 

 

3.    La troisième raison est que vous risquez d'aggraver ou même de catalyser le problème, voire d'en créer de nouveaux. Si le comportement gênant (griffage du canapé) n'est pas satisfait (je rappelle que cela est un besoin naturel du chat), votre chat pourrait développer des problèmes de comportement ou un mal-être et la conséquence sera la dégradation de votre relation, engendrant peur, crainte et méfiance, des émotions incompatibles avec une belle relation maitre/chat.


Une solution bienveillante et positive.

 

Alors, comment faire, me demanderez-vous ? Comment lui faire comprendre quels comportements sont acceptables et lesquels ne le sont pas ? Faut-il le punir, et si non, comment le saura-t-il ? Voici quelques clés...


Première étape : comprendre pourquoi votre chat agit ainsi. Prenez le temps d’observer votre chat pendant qu’il fait sa bêtise afin de comprendre quel besoin il cherche à satisfaire.


Deuxième étape : réorienter le comportement. Permettez à votre chat d’exprimer son comportement de manière acceptable ou sur un support approprié. Par exemple, supprimez le déclencheur de son comportement si cela ne nuit pas à son équilibre émotionnel. N'oubliez pas de récompenser le nouveau comportement pour le renforcer et encourager sa répétition. Je vous invite à lire mon article sur la récompense et le renforcement positif pour plus de détails.


Troisième étape : décourager le comportement indésirable. Réduisez la probabilité que ce comportement réapparaisse en transférant la punition de l’humain vers l’environnement. Ajoutez ou enlevez un élément de l’environnement (provoquant tout au plus un léger inconfort mais jamais de douleur ou de peur) pour rendre le bon comportement plus gratifiant. Cela permet de modifier progressivement la séquence comportementale problématique. L’environnement devient désagréable et non l’humain, préservant ainsi la relation entre vous et votre chat.

 

Pour l’explication c’est le principe de "P+" ou "P-" que l’on nous apprend en éducation positive : "P" pour "Punition" signifiant la diminution de la probabilité d'apparition d'un comportement, "+" pour l'ajout d'un élément dans l'environnement, et "-" pour le retrait d'un élément dans l'environnement. 

 

Pour que la punition soit efficace et non traumatisante pour le chat et votre relation, elle doit donc répondre à plusieurs critères :

 

  • Elle doit être indépendante de l’humain (elle doit venir de l'environnement).

  • Simultanée au comportement à dissuader.

  • Elle doit être d’intensité proportionnée (comprendre modérée et non maltraitante physiquement et psychologiquement).


Petit exercice pratique avec notre exemple du chat VS le canapé le combat final.

 

Comprendre la fonction du comportement de son chat

 

Là, ce n’est pas bien difficile à comprendre et analyser, et puis nous le savons tous, le chat a un besoin de griffer. Pour entretenir ses griffes, se détendre, par plaisir, mais surtout par stratégie de marquage de son environnement. Il dépose des molécules odorantes et lacère le substrat pour montrer qu’il vit ici !

 

Il est donc primordial que l’endroit soit visible, cela nous donne un indice sur le lieu où installer le griffoir que nous allons devoir acheter.


La gestion de l’environnement

 

Imaginons une solution qui rende désagréable l’environnement de la bêtise (en l’occurrence le canapé) : si nous scotchons temporairement sur l’accoudoir du papier aluminium ou que nous y mettons du scotch double-face (c’est ce qu’il y a de plus efficace dans 98% des cas et il existe maintenant des modèles qui ne laisse pas de trace sur les meuble, canapé ou autre), cela va rendre l’environnement désagréable et le dissuader d’exprimer son comportement à cet endroit !

 

Voilà ce que doit être une punition, elle vient de l’environnement et ne provoque en rien ni souffrance physique ni souffrance psychologique, elle rend juste l’environnement désagréable.


La redirection du comportement et la récompense

 

Vous me direz, oui, mais il va aller griffer et exprimer son comportement ailleurs. Vous avez raison si l’on s’arrête là, mais ce qui suit est aussi important que ce que je viens de vous expliquer.

 

Chercher à dissuader un comportement naturel est vain, il faut vous assurer qu’il puisse s’exprimer. Dans notre exemple, un griffoir que l’on mettra non loin du canapé fera l’affaire.

 

Ensuite, à chaque fois que votre chat se dirigera vers l’angle du canapé, vous laisserez le chat constater que c’est désagréable (le scotch) et l’inviterez (en le prenant délicatement) à griffer sur le griffoir non loin (au besoin l’approcher du canapé au début).

Au commencement, pour l’encourager et renforcer son comportement, vous lui donnerez une toute petite friandise dès qu’il aura griffé le bon endroit (il faut donc avoir des friandises à porter de main, car vous n’aurez pas le temps d’aller les chercher).

 

C'est maintenant à vous de jouer...

 

Si vous êtes dans le bon timing et que vous répétez ces actions, votre chat comprendra vite que s’il a un bon comportement cela entraine quelque chose de positif alors que le même comportement ailleurs ne lui rapporte rien de bien agréable. Le principal pour lui étant de le satisfaire, il comprendra très vite que le bon comportement à avoir est celui d’utiliser le griffoir.

 

Et cela peut fonctionner pour à peu près tout : un autre exemple au quel je suis souvent confronté, le chat qui monte sur la table ou sur le plan de travail de la cuisine, pour commencer je vous rappelle une règle de base ne jamais rien laisser traîner à manger pour éviter la tentation et donc de renforcer le mauvais comportement, dans ce cas-là il faut laisser quelque chose de désagréable sur le plan de travail (le scotch par exemple) et laisser régulièrement des friandises au sol et votre chat comprendra vite quel est l’endroit le plus agréable pour lui.

 

Bref, vous voyez, nul besoin de devenir un G.I Joe armé d’un vaporisateur au bout du bras et d’un Nerf de l’autre pour éduquer votre chat.

 

Si vous ne parvenez pas à comprendre votre chat ou mettre en place les bonnes solutions, je suis à votre disposition pour un RDV à votre domicile ou à distance ou n'hésitez pas a consulter votre vétérinaire.






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